Le tabac c'est mauvais pour la santé. Oui c'est bien connu maintenant. Mais pourquoi est ce que les chirugiens plasticiens insistent tant sur l'arrêt du tabac avant une intervention chirurgicale?
van Adrichem et al. 1991 Parmi une des premières études à avoir étudié la vascularisation de doigts opérés, chez les fumeurs et non fumeurs. Très forte réduction du débit sanguin dans la zone opérée.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1564268/
Cette partie de l'étude confirme ce qui a été montré 30 ans plus tôt, avec un autre moyen d'étude on retrouve une baisse de plus de 50% du débit de vascularisation de la peau.
Cette partie de l'étude a étudié les facteurs de croissance secrétés naturellement par la peau. Le facteur de croissance EGF est un facteur majeur dans la cicatrisation de la peau qui est un épiderme (EGF = Epidermal Growth Factor). Le tabagisme entraine une baisse de 77% de ce facteur.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28940252/
Les patientes qui fument demandent souvent quel est le sur-risque de fumer lorsqu'une opération de chirurgie plastique doit être faite. Nous avons une possibilité d'apprécier ce sur-risque grâce à un score établi par l'équipe de Rennes le Rennes Plastic Surgery Score
Il a été mis au point pour les risques de complications après chirurgie de réduction des seins, mais cela reste valable pour la majorité des interventions de chirurgie plastique. Essayez le!
Si on prend les mensurations moyennes d'une femme demandant ce type de chirurgie, 1,62 pour 85kg et fumeuse, on obtient un risque de complications de 85% !
Ce risque diminue à 48 % si la patiente arrête le tabac 6 semaines avant l'intervention, le sur-risque est donc multiplié par deux. Et à 89% de risque de complications, le risque global est majeur!
Nous venons de voir deux études parmi beaucoup, tous les élements présentés montrent un effet très délétère du tabagisme sur la peau, qui réduit le débit sanguin et donc qui réduit les capacités de défense de la peau (moins d'apport de protéines pour la secrétion et moins de cellules blanches pour les défenses anti-pathogènes infectieux). D'autre part, la baisse des facteur de croissance ralenti la cicatrisation naturelle de la peau.
Ce ne sont que deux éléménts parmi tant d'autres qui montrent à quel point le tabagisme altère les capacités de cicatrisation. C'est pourquoi le Pr Giot impose 6 semaines d'arrêt du tabac avant l'intervention. 3 semaines avant l'intervention un test urinaire sera réalisé afin de vérifier l'absence de prise de nicotine (les produit de substitution induisent des faux positifs à ce test, et ne sont donc pas utilisable dans ces 6 semaines avant l'intervention). Si le test urinaire est positif, l'intervention est systématiquement reportée.